Thierry Tillier (Charleroi, 1957) est actif depuis 1975, tant sur la scène publique que sur de nombreuses scènes alternatives, protéiformes, éphémères et transitoires. Ses activités liées aux imprimés de nombreux réseaux, qu’ils aient une vocation artistique, littéraire, visuelle, militante, ésotérique ou aucune de celles-ci, le mènent à initier des revues atypiques (Cf. Devil Paradis 80’s) ou à croiser de nombreuses toiles de publications dont la carte reste, fort heureusement, impossible à tracer (Cf. Acquisition Archives Thierry Tillier, BPS 22).
Cette circulation de documents, clichés, photocopies, travaux d’auteurs, qui passent entre ses mains et sur lesquels il intervient parfois, comme collagiste, comme maquettiste profane, mais, surtout, comme une catalyse, dans l’ombre de ces images, le mènent, dès ses premiers pas éditoriaux, à ne plus pouvoir distinguer l’activité collective de la création d’auteur, l’activité artistique de ce qui se situe en dehors de ses cénacles, et surtout à ne pas faire prévaloir les documents qui accueillent une réception de ceux dont on ignore tout de la destinée.
C’est pourtant cette activité attentive et ininterrompue, depuis près de 50 ans, qui permet de dévoiler, chez Thierry Tillier, une imagerie unique que plusieurs expositions solo ont pu révéler au public (Cf. expositions à la galerie Cerami 2002-2022). La constance de ses collages, située en continu dans la multiplicité, s’y est offerte au jour, repoussant les limites de ce qui fait communément l’objet d’une distinction – leur autorialité n’échappe pas au regard – tout en laissant Thierry Tillier s’éclipser plus loin encore.
Annabelle Dupret
Juillet 2022