Enlumineurs libres.
Luc Fierens – François Liénard – André Stas – Thierry Tillier
Galerie La Part du Feu. Bruxelles.
Exposition du 21 avril au 6 mai 2018.
Des singes se sont égarés dans les légumineuses partageant leur peau avec d’autres mammifères. Des femmes mélangent leurs organes entre l’Inde et l’Insulinde, des fruits nappent de leurs jus acidulés des cous, des seins, des chevilles, le désir même est palpable, ligoté avec les cordages des parallèles et des méridiens.
D’autres femmes d’autres époques ont des idées de révolution, elles maquillent leurs pensées secrètes, elles prennent le maquis au tréfonds de leur corps. Elles se voilent la face afin de mieux dévoiler leurs desseins, elles ont une foule d’idées en tête qui défile devant les ministères en fumée aux gouvernements déchus.
Une femme, encore une, sort du bois poursuivie par ses halliers, une autre a l’âme engloutie par une vague. Un mollusque terrorise de sa visque un petit village et toutes les vacances s’en trouvent brouillées à jamais. Une machine permet de dédoubler une montagne, peut-être la Sainte-Victoire où nage dans ses huiles vertes un petit poisson rouge.
Une petite voleuse a dérobé des bonbons et des cochons qu’elle cache sous sa jupe, une jeune fille de bonne famille est submergée par ses rêves, pétrifiée dans son avenir. Le pouvoir des mots et celui des images se disputent le royaume des idées dans un combat sans merci. Au même moment un jason songe à sa prochaine toison d’or pendant qu’un anonyme balaie la voie lactée.
Thierry Tillier, Luc Fierens, François Liénard et André Stas sont ces enlumineurs libres aux images bilingues. Au-delà de la composition – cela dit primordiale, il faut respecter points de vues, ombres et lumières et concordance des couleurs si l’on veut que ces visions soient crédibles –, le collage est un monde inventé, le nôtre transformé, enfin vivable.
Ernst Macks, conservateur du Musée de la Colle de Kleben.
(traduction : François Liénard)