Quiconque visite le site Internet de Thierry Tillier prend immédiatement la mesure de l’étendue de sa pratique artistique. Dans un enchevêtrement feutré de collaborations, de publications, de NFT et de projets artistiques en tout genre, il est impossible de discerner un fil conducteur, mais il s’agit néanmoins d’une représentation fidèle des possibilités illimitées dont dispose un esprit créatif.
Au sein de cet enchevêtrement se dessinent les traces d’une orientation plus ou moins cohérente, d’une pensée qui laisse des traces plus nettes pour un peu plus longtemps, et qui font l’objet d’expositions régulières. Ce sont souvent ses collages qu’il y expose, une forme d’art en soi qu’il n’est pas facile de définir, encore moins de limiter.
« De nulle part et d’aucun autre point de vue (que celui de Thierry Tillier) les collages objectivent ainsi de nouvelles séries infinies d’images, tant matérielles qu’immatérielles, réalisées ou non, dont nous ne pouvons plus réfuter l’existence possible », peut-on lire. soit dit lire dans le magazine BOR n°5, Thierry Tillier, No Future . «Thierry Tillier, sujet/vecteur de ces segmentations, qui expose ces déchirures et ces dislocations et s’y expose, permet depuis 1977 une constance qui va de pair avec l’imperfection et indique une échelle à laquelle ces fragmentations n’existent plus.»
Bref, c’est jouer avec la réalité, ou plutôt : avec la possibilité de créer de nouvelles images qui formeront leur propre réalité. Le collage est une excellente forme d’expression où de nouvelles associations se créent et se cristallisent.
Sa pratique éclectique, quelque peu anarchique, ne lui aura pas valu une renommée éternelle, mais l’artiste a certainement marqué la scène artistique wallonne depuis les années 1970 grâce à son originalité et ses nombreuses collaborations. Son approche expérimentale et son accent sur la collaboration ont inspiré de nombreux autres artistes au cours des dernières décennies, ce qui vaut la peine de le découvrir par vous-même.
Frédéric de Meyer